Vaud • L’interdiction des marchés: une concurrence déloyale.

 

Avec la fermeture des marchés, plusieurs personnes se sont demandées pourquoi les grandes surfaces pouvaient ouvrir, alors que les producteurs locaux sont contraints d’abandonner leurs traditionnels lieux de vente. Pour répondre à cette injustice, un réseau suisse œuvrant pour la réouverture des marchés s’est constitué en très peu de temps. Il demande simplement que les maraîchers puissent vendre leurs produits tout en respectant les mêmes règles d’hygiène et de distanciation sociale que les grandes surfaces. En vain dans notre canton et cela malgré plusieurs missives adressées au Conseil d’État.

Vous en conviendrez, les producteurs locaux que l’on retrouve sur nos marchés font preuve de raison en matière d’environnement et c’est un argument de poids qu’il faut marteler contre les grandes surfaces qui proposent d’une manière indécente, même en pleine crise sanitaire, une abondance de produits hors saison, bourrés de pesticides, ayant mûri dans une remorque et ne respectant ni la nature, ni les travailleuses et les travailleurs.

Dès le début de la crise, sidérée par la croissance du virus et l’importance des mesures prises, la population n’a pas réagi immédiatement contre l’interdiction des marchés : mais comment nos agriculteurs peuvent tenir le coup, si on leur interdit de vendre le fruit de leur dur labeur ?

Pourtant, le Conseil fédéral a délivré un message de respect envers la population et de confiance envers les individus, jugés capables de prendre leurs responsabilités en matière d’autodiscipline concernant notamment les règles de distanciation sociale. Malgré cela, certaines autorités cantonales se sont mises à vouloir interdire tout ce qui leur tombait sous la main.
L’injustice faite aux agriculteurs locaux et petits commerçants des marchés a frappé les esprits de la population. D’ailleurs, le Conseil fédéral a senti très rapidement l’effet délétère de cette injustice et certains abus d’autorité. Dès le 21 mars, il avait souligné que les stands de nourriture au marché étaient des magasins d’alimentation et pouvaient donc rester ouverts. Pour ne citer qu’un exemple, l’exécutif de la ville de La Chaux-de-Fonds est même allé au-delà de ce que nous pouvions espérer en autorisant, dans un esprit d’égalité de traitement entre tous les acteurs économiques du commerce de détail de produits alimentaires, l’ouverture de stands de nourriture selon les mêmes horaires que les magasins pratiquant sous un toit. Cet exemple constitue une victoire de la logique.

La question suivante se pose : comment est-il possible que dans notre canton, un État-major puisse prendre des décisions qui annulent celles prises par une municipalité démocratiquement élue et pire encore, qu’il se permette d’outrepasser les décisions pleines de bon sens du Conseil fédéral ?
Il me semble que la population vaudoise est attachée à ses marchés, à ses commerçants qu’elle rencontre régulièrement. Nous savons que ces commerçants-paysans ont une vie difficile, faite de travail et d’abnégation. La relation entre la population et nos producteurs/trices est imprégnée de ce sentiment et les gens ont vécu cette fermeture comme une profonde injustice.

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