VAUD • Le POP défendra un postulat pour demander la régulation de l’installation de fast-foods en ville de Lausanne. Il fait suite à l’annonce de l’ouverture d’un KFC géant, de 900 m2, au Flon.

 

La semaine dernière, le POP Lausanne lançait une pétition demandant l’interdiction de l’installation d’un gigantesque fast-food KFC au Flon, au cœur de la capitale lausannoise. Après une semaine, presque 2000 personnes avaient déjà signé cette pétition. Fort de ce soutien populaire, la conseillère communale POP Laura Manzoni défendra un postulat pour le groupe Ensemble à Gauche, qui demandera à la Municipalité d’étudier la possibilité de réguler l’installation de nouveaux fast-foods en ville.

Réguler les fast-foods comme l’alcool

Il y a encore une vingtaine d’années, avec la clause du besoin, le canton de Vaud possédait un moyen de contrôler la quantité de lieux publics pouvant servir de l’alcool. Si la question n’est cette fois pas liée à l’alcool, elle reste pertinente, car les effets délétères de la malbouffe sont tout aussi connus pour la santé publique. Les opposants, sans ignorer les ravages de cette malbouffe, mettent en avant la question de la liberté de choix. Sans détournement, ils se font passer pour les chantres de cette liberté. Mais, dans le fond, de quelle liberté parle-t-on? Du dogme libéral et de son catéchisme sur la libre concurrence et la dérégulation des marchés. Soit une liberté qui transforme en fait l’économie en une jungle où le plus gros traque et anéantit le plus faible.

À Lausanne, le KFC sera le plus grand de Suisse et mesurera 900 m2. Comment un mastodonte de la malbouffe pourrait-il enrichir la liberté? Cette installation promet au contraire une concurrence acharnée et déloyale. À ce sujet, les chiffres de GastroVaud1 sont révélateurs: un tiers des restaurants change de propriétaire chaque année et on connaît les drames qui vont avec: faillites, dettes, engloutissement du 2e pilier, etc. Il est trop facile de croire que ces faillites n’arrivent qu’aux restaurateurs mal préparés, aux naïfs et aux doux rêveurs qui se lancent dans l’inconnu après avoir vu une émission culinaire.

Menace pour les bistros alentour

Mais, revenons à nos poulets. Dans un marché sauvage, où il n’y a qu’une seule loi, celle des marges, ceux qui ont de gros débits peuvent espérer s’en sortir, puisqu’ils réussissent à étouffer la concurrence. Ainsi, tout laisse à croire que les bistros autour du nouveau KFC verront leur clientèle diminuer. Soit, ils fermeront, soit ils écraseront à leur tour leurs marges. Le nivellement vers le bas de telles pratiques est déjà connu sous nos latitudes: limitations des salaires (remise en cause des cct, exploitation d’une main-d’œuvre non qualifiée ou non revendicatrice), pression sur les producteurs (pression sur les agriculteurs, pression sur les conditions d’élevage et sur le traitement animal) et délocalisation de la provenance (pollution inutile, etc.), surpoids ou obésité (et tous les problèmes sanitaires qui en découlent).

Ignorer les méfaits d’une telle pratique économique relève de la bêtise. Sans intervention publique, c’est une monoculture culinaire qui va prendre le dessus et la liberté tant chérie par les détracteurs se résumera au choix entre MacDo ou Burger King et cela pour des raisons purement dogmatiques, au détriment du bien-être, de l’écologie et des conditions sociales de travail.

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Lire l'article du 31.05.18

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