LAUSANNE • La politique des petits pas

Lorsque l’on s’engage en politique, c’est pour changer le monde. Étudiant, je m’imaginais volontiers à la place d’un Léon Blum instaurant les congés payés ou d’un Sartre incitant les ouvriers Renault à s’embarquer dans une grève générale et triomphale (pourquoi diable ne s’imagine-t-on jamais à la place d’un ouvrier écoutant un intellectuel?).

 

Mais le monde ne change pas toujours de la manière dont on s’imagine et que si la lutte est longue, une vie demeure bien courte. Oui, la politique au sein de notre parti prend bien souvent des chemins de traverse et les luttes ont, la plupart du temps, des tailles modestes et humbles. Être au PoP permet d’avoir accès, quelquefois, à quelque chose de plus petit, de plus humain, mais surtout, nous pouvons y rencontrer des personnes tout à fait spéciales. Spéciales, car sensibles et soucieuses des réalités et des besoins de tout un chacun.

J’aimerais rendre ici honneur à la perspicacité d’un camarade de longue date, M. Ernest Descosterd. En effet, il y a 4 ou 5 ans, la section lausannoise s’était lancée dans une pétition demandant la prise en compte d’un accès facilité pour les personnes à mobilité réduite dans la salle Métropole. Nous avions alors récolté plus de 500 signatures poussant ainsi l’architecte aux commandes des rénovations à prendre en compte cette frange de la population. Des dispositions spéciales ont été mises en place et j’aime penser que le PoP y est certainement pour quelque chose. Ernest me le rappelait l’autre jour, triomphant, que La Salle Métropole était désormais de nouveau accessible à tous et que les dominicales (les anciens Concerts populaires) de l’Orchestre de Chambre de Lausanne étaient redevenus le petit plaisir hebdomadaire des anciens, grâce notamment au combat du PoP et qu’il était d’autant plus important de le rappeler. Car si nous savons être efficaces, il n’est pas inutile de le redire, ne serait-ce que par respect pour tous les camarades qui ont aidé à récolter ces signatures. Du haut de ses 93 ans et presque 70 ans de militantisme au parti, Ernest m’a rappelé deux choses. Premièrement, que faire de la politique, c’est aussi et surtout s’occuper de petites choses. D’améliorer concrètement la vie des citoyens et cela sans grand impact électoral. Et deuxièmement, qu’il n’est pas inutile de remémorer aux membres actifs que leur travail, aussi ingrat soit-il, porte ses fruits. Après notre rencontre, Ernest est reparti claudicant avec ses béquilles et son magnifique bagage de militant. Malgré toutes ces années de militantisme. Pas de grande révolution, juste prendre le temps de faire remonter les difficultés des petits!

Publié dans « Résistance » le 14.10.2015 – Joaquim Manzoni

All rights reserved Salient.